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Un disque microsillon Edison

Première et dernière invention de Thomas Edison

Je ne résiste pas à retranscrire ici un article du journal Le National Suisse daté du 7 août 1894, ou l’on constate qu’Edison, s’il est acculé, peut aussi faire preuve d’un certain humour afin qu’on le laisse tranquille. Il évoque ainsi dans la même conversation sa première et dernière invention.

A en croire les journalistes américains, Edison est aussi dans le train, il est atteint de la maladie du temps : la haine du journaliste et surtout du reporter. Il paraît que, jusqu’à ce jour, aucun de nos confrères n’a réussi à obtenir de lui une longue interview. Quand on connaît tous les trucs plus qu’ingénieux auxquels un Yankee a recours pour extorquer les aveux d’un personnage intéressant, il est vraiment instructif d’apprendre comment Edison a déjoué toutes les ruses des reporters.

Néanmoins, il y a quelque temps, un reporter d’un journal de New-York parvint à interviewer à fond le récalcitrant inventeur du phonographe. Le journaliste et M. Edison se sont rencontrés par hasard dans le salon d’une professional beauty. La conversation, enjouée et nourrie, roula surtout sur la vie d’Edison et sur ses inventions, Le reporter yankee profita de cette occasion et dit à brûle-pour-point :

Monsieur Edison, mais quelle a été votre toute première invention ?

Edison qui, jusque-là, avait pris une part active à l’entretien, comprit qu’il avait affaire à un journaliste et s’enferma dans un mutisme résolu. Mais le reporter avait compté sur le concours de la curiosité des Américains. Il ne s’était pas trompé. Un essaim de jolies femmes s’abattit autour d’Edison et le supplia de répondre à cette question. L’inventeur fut obligé de s’exécuter:

Lorsque je n’étais encore qu’un pauvre news-boy (camelot), dit-il, et que j’allais de rue en rue en criant mes journaux, j’avais la tête pleine d’idées, mais les poches désespérément vides. Un jour j’ai lu dans mes journaux que le riche banquier de notre ville, M. S., avait découvert que ses coffres, qu’il croyait être d’une sécurité absolue, avaient été forcés. On disait encore que le banquier en fut on ne peut plus mortifié et se cassait la tête pour trouver le moyen de mettre ses grandes richesses à l’abri des voleurs.

Voilà mon homme, me dis-je alors. Quelques instants plus tard, je me trouvai en présence du richard, qui me demanda le but de ma visite:

Sir, lui dis-je, j’ai entendu parler de votre grand malheur ; mais je viens d’inventer un appareil qui, en quelques heures, livrera entre vos mains tous les voleurs qui attenteront à vos coffres.

Ah! est-ce possible ? s’écria le banquier. Et que me demanderez-vous pour cette invention ?

La main de votre fille unique, qui est célèbre par sa beauté, et rien de moins, répondis-je résolument.

Ça, c’est impossible, mais je vous offre dix mille dollars pour votre invention. Il va sans dire que vous devrez d’abord me prouver son efficacité.

Oui, je vous la prouverai… Mais vous devez pour cela me promettre la main de votre fille.

Tope-là, répondit le banquier, à condition que ma fille consente.

Dans cet espoir je me mis au travail et j’appliquai mon invention aux coffres du banquier. Deux jours après je revins et je trouvai le banquier au lit :

Monsieur, lui dis-je, hier, vers huit heures du soir, vous avez voulu ouvrir votre coffre.

Oui, c’est vrai.

Mais dès que vous avez touché la serrure, vous avez reçu un choc électrique qui vous a renversé et vous êtes resté jusqu’à ce matin sans connaissance. Maintenant vous allez mieux ?

Oui, mais, pourtant…

C’est là mon invention. Celui qui après la fermeture de la caisse touchera à votre coffre restera sans connaissance dans la banque aussi longtemps que vous voudrez, même, si vous le préférez, pour toujours. Voilà l’histoire authentique de ma première invention, ajouta Edison pour conclure son récit.

Et la fille du banquier? crièrent en chœur toutes les jeunes femmes qui avaient écouté avec une vive attention le récit de l’inventeur.

Elle n’est pas devenue ma femme, répondit Edison !

A ce moment le journaliste reprit : Mais puisque vous avez eu la bonté de nous raconter votre première invention, ne serez-vous pas assez aimable pour la compléter en nous disant quelle a été jusqu’ici votre dernière invention ?

Mais c’est l’histoire que je viens de vous raconter ! répondit Edison.

Rédigé par un certain M. Reader, à Paris.

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