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L’organisation du service de l’heure

A l’Observatoire de Paris

Mesdames, Messieurs,

Le dimanche 31 octobre 1880, à 9 heures du matin, avait lieu le premier envoi télégraphique de l’heure de l’Observatoire à la ville de Rouen.

Le 18 décembre de l’année suivante, les mêmes signaux horaires étaient transmis au Havre. En signalant ces faits dans le Rapport annuel sur l’état de l’Observatoire de Paris pour l’année 1881 l’amiral Mouchez ajoute :

« Jusqu’ici, malgré nos offres réitérées, ce sont les deux seules villes de France qui nous aient demandé l’envoi de l’heure ; il est vraiment regrettable que l’utilité d’avoir, dans toute la France, l’heure exacte du méridien de Paris ne soit pas mieux appréciée » ; dans le Rapport pour l’année 1887, même antienne : « Nous sommes toujours prêts à envoyer l’heure à toutes les villes qui nous en feront la demande ». En 1888, nouvelle insistance : « A toutes les propositions officielles, à toutes les tentatives particulières que j’ai faites pour envoyer l’heure exacte de l’Observatoire aux ports de mer et aux principales villes de France, on m’a toujours répondu qu’on n’en avait pas besoin ; qu’on connaissait suffisamment bien l’heure de Paris par l’horloge des chemins de fer (laissez-moi ajouter : douce illusion !); le signal de l’heure exacte, qui serait cependant si utile aux ports de mer pour régler les chronomètres de la Marine, a été également refusé par eux. »

Les Compagnies de Chemins de fer, déclinent poliment l’offre faite par l’Observatoire de leur envoyer l’heure, à la seconde exacte, du méridien de Paris, elles répondent qu’elles ont organisé un service spécial de réglage des horloges à Paris et dans toutes les gares, service suffisamment précis et plus économique. Tisserand, en 1893, constate que cinq villes seulement reçoivent l’heure de Paris et ajoute: « Il serait bien désirable que cet envoi fut étendu à un plus grand nombre de villes. » J’arrête là ces citations, sans cela ma conférence se passerait à vous lire les avances faites par l’Observatoire pour donner sa marchandise. Je dis donner et non pas vendre, car nous faisions gratuitement le service : il est vrai que l’Administration des Postes et Télégraphes se faisait payer !

Bref, personne ne voulait de l’heure. Savez-vous, en fin de compte, le nombre de villes abonnées à ce service lorsqu’il a pris fin le 31 décembre 1911 ? Sept, pas une de plus. Comme j’ai l’espoir que cette conférence aura les honneurs de la publication dans le Bulletin de la Société astronomique, je veux faire passer à la postérité les noms de ces sept cités : Rouen, Le Havre, La Rochelle, Nancy, Saint-Nazaire, Chambéry et Cluses, qui, les seules en trente et un ans, voulurent bien consentir à recevoir une faveur si recherchée maintenant et parfois en vain.

On peut dire avec Racine : Que les temps sont changés !

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