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L’organisation du service de l’heure (2)

Que s’est-il donc passé pour amener un tel changement ?

Presque rien! Pour recevoir nos signaux horaires il fallait se déranger, transporter un chronomètre au Bureau du Télégraphe; maintenant, avec quelques mètres de fil métallique et un petit appareil peu coûteux, dépense d’ailleurs faite une fois pour toutes, l’horloger a l’heure de l’Observatoire dans son atelier, le savant dans son cabinet de travail, le voyageur dans les solitudes du désert, le marin dans l’isolement plus absolu encore de l’Océan. La marchandise ne s’écoulait pas, parce que le moyen de transport, cependant déjà si perfectionné, ne répondait pas aux exigences modernes… il faut livrer à domicile. Et puis, disons-le, il y a aussi l’engouement pour toutes les nouveautés ; peut-être aussi l’attrait de la chose prohibée. Personne ne voulait de ce que tout le monde pouvait avoir, tous veulent de ce que quelques privilégies ont seuls le droit de posséder. C’est là un fait de psychologie.

Voulez-vous avoir une idée des distances prodigieuses que peuvent parcourir les ondes hertziennes, ou, pour continuer ma comparaison, de la grandeur de la zone de livraison. Washington est à 6 200 kilomètres-de Paris, en chiffre rond. Eh bien, nos signaux horaires y sont reçus maintenant très régulièrement. Et avec quelle rapidité! Si l’on admet que la vitesse de transmission des ondes électriques est du même ordre de grandeur que celle des ondes lumineuses, ce qui semble prouvé, c’est 0,02 sec que le signal horaire met à parcourir le sixième de la circonférence terrestre. Il y a onze ans, un de nos plus grands mathématiciens écrivait : « Avec la télégraphie optique, on allait à 40 ou 50 kilomètres en choisissant des postes favorables, avec la télégraphie sans fil, on ira à 300 kilomètres. »

Racine a dit: « Vous savez que les poètes se piquent d’être prophètes ». Je ne veux pas chercher si leurs prophéties se réalisent souvent, mais ce qui précède montre qu’en fait de sciences le plus sage est de s’abstenir de conjecturer l’avenir. Que de faits, depuis quelques années, sont venus donner un démenti à des hypothèses jugées irréalisables.

Dans les Conférences que j’ai eu l’honneur de faire ici il y a deux ans, j’ai exposé avec tous les détails voulus les procédés employés à l’Observatoire de Paris pour la détermination de l’heure et l’envoi des signaux horaires par l’intermédiaire du poste radiotélégraphique de la Tour Eiffel. Cette question de l’heure s’est, depuis cette époque, considérablement élargie et elle a pris des proportions telles que je crois utile de la compléter, de la mettre au point.
Nous sommes loin, en effet, de l’astronomie pastorale de l’âge d’or où, sans instrument, le pâtre lisait l’heure aux étoiles, loin aussi de l’époque où l’homme pour la première fois… fixa sur l’émail de l’horloge légère, des routes du Soleil la trace passagère.

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