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Portrait de Thomas Edison. Source Gallica.bnf.fr

La mort d’Edison

Cet article de La Revue hebdomadaire a été publié en novembre 1931. Il relate la disparition d’un homme connu pour ses 3000 brevets, du développement de l’ampoule à incandescence au phonographe, à l’amélioration du téléphone jusqu’à la fabrication de maison individuelle.

C’était presque une tradition dans notre vieille Europe qu’un savant dût se débattre sa vie durant contre l’adversité et finir ses jours dans la misère ou tout au moins dans la pauvreté. Tel n’a pas été le cas de Thomas Alva Edison, qui s’est éteint, le 18 octobre 1931, dans sa propriété de « West Orange », non seulement chargé d’honneurs et de gloire, mais encore en possession d’une fortune considérable qu’il avait acquise en exploitant ses innombrables brevets.

Il était né le 7 février 1847 à Milan, dans la province de l’Ohio, d’une famille pourvue d’une honnête aisance. D’une complexion délicate, il ne fréquenta l’école qu’assez tard et n’y brilla guère. Il était en général le dernier de sa classe et son instituteur, en parlant de lui, le qualifiait un jour de « cervelle creuse ».

C’est qu’en effet son esprit se prêtait mal aux exercices scolaires qui sont souvent à tendance presque exclusivement livresque. Aussi sa mère décida-t-elle de le retirer de l’école et de se charger elle-même de son éducation. Il n’eut pas à s’en repentir. Avant l’âge de douze ans il était en possession d’une solide instruction primaire et il avait lu des livres bien sérieux pour son âge l’Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain, par Gibbon, l’Histoire de l’Angleterre de Hume, l’Histoire universelle de Sear, l’Anatomie de la mélancolie de Robert Burton, le Dictionnaire des Sciences, etc. Sa mère lui fit même aborder les Principes de Newton, mais les difficultés mathématiques de cette lecture arrêtèrent bientôt le professeur et l’élève. En fait Edison ne fut jamais en possession d’une forte culture mathématique, mais il avait acquis de bonne heure dans la pratique du calcul mental une dextérité tout à fait exceptionnelle qui lui servit beaucoup dans ses recherches.

Vers l’âge de onze ans, il aborda l’étude de la chimie et aussitôt s’y intéressa passionnément. Il ne se contentait pas de lire les livres qu’il avait à sa disposition. Il tenait par-dessus tout à répéter les expériences qu’il y trouvait décrites, et il eut bientôt transformé en laboratoire la cave de ses parents.

Pour se procurer les produits nécessaires à ses manipulations et acheter des livres, il se fit, à l’âge de douze ans, vendeur de journaux dans un train sur la ligne qui allait de Port Huron, où sa famille était venue s’établir, jusqu’à la ville de Détroit. Le train quittait Port Huron à sept heures du matin et arrivait à Détroit vers dix heures il en repartait tard dans l’après-midi pour rentrer. À Port Huron vers neuf heures et demie du soir. Edison avait été autorisé à s’installer dans un compartiment inoccupé du fourgon à bagages. 11 s’en servait non seulement pour transporter des journaux et des primeurs (car il faisait aussi le commerce de légumes), mais aussi pour faire des expériences de chimie. Comme son commerce lui rapportait de huit à dix dollars par jour, il avait suffisamment d’argent pour acheter des produits chimiques et des livres. A Détroit, il fréquentait d’ailleurs assidûment la bibliothèque municipale.

Lorsque la guerre de Sécession éclata, le public étant de plus en plus friand de nouvelles, Edison entreprit de publier lui-même un journal. Ayant acheté à Détroit une presse d’occasion et des caractères d’imprimerie, il l’installa dans son fourgon où il rédigeait, composait et tirait à 40e exemplaires son Weekly Herald.

C’est alors qu’il commença à s’intéresser à l’électricité. Mettant à profit ses connaissances de chimie, il construisit lui-même les piles nécessaires à ses expériences et il parvint à établir entre deux maisons voisines un posté télégraphique rudimentaire au moyen duquel il s’exerçait à échanger des messages avec un de ses camarades. Un événement fortuit contribua beaucoup à favoriser l’orientation d’Edison vers l’électricité.

« Un matin du mois d’août 1862, écrit l’un de ses biographes, le train mixte qu’il accompagnait en qualité de marchand de journaux faisait la manœuvre à la gare de Mount Clemens. Un wagon de marchandises chargé avait été poussé hors d’une voie de garage, lorsque Edison, attardé sur le quai, aperçut le petit garçon du chef de gare, M. Ji U. Mackenzie, jouant avec le gravier au milieu de la voie principale, où arrivait à toute allure le wagon en question. Il laissa tomber journaux et casquette, s’élança vers l’enfant, le prit dans ses bras et le sortit de la Voie. Il était grand temps, car la roue du wagon heurta son talon. Ils roulèrent par terre. Dans leur chute, ils furent l’un et l’autre légèrement blessés au visage et aux mains par le gravier du ballast. « Des employés accoururent à leur secours et les transportèrent sur le quai où le père du bébé, qui connaissait le sauveteur de son enfant et avait de l’amitié pour lui, lui offrit par reconnaissance de l’initier aux mystères du télégraphe dans les gares et même d’en faire un télégraphiste. Inutile de dire que la proposition fut acceptée avec enthousiasme »

Peu après, un désastre mit fin à sa carrière d’imprimeur et de journaliste. Un jour, comme le train traversait à vive allure un endroit où la voie était en mauvais état, une brusqué secousse fit tomber un morceau de phosphore sur le plancher. Le phosphore prit feu et un sérieux commencement d’incendie se déclara dans le wagon. Le conducteur du train parvint à l’éteindre, mais à la première gare il débarqua le jeune chimiste avec tout son attirail. Edison installa son imprimerie chez ses parents et continua pendant quelque temps à faire paraître son journal. Mais bientôt il se consacra presque exclusivement à l’étude de la télégraphie. Comme il travaillait jusqu’à dix-huit heures par jour, Ses progrès furent extrêmement rapides et il ne tarda pas à entrer comme télégraphiste sur le réseau de la Compagnie Grand Trunk où on lui donna un poste de nuit à Stratford Junction au Canada. Il avait alors seize ans Il continua bien entendu à s’instruire, lisant sans relâche des livres de science et des revues, répétant les expériences qu’il trouvait indiquées et interrogeant les employés du télégraphe sur le fonctionnement des appareils.

« Les employés dit-il, étaient incapables d’en expliquer le fonctionnement et je m’efforçais toujours de les y amener; mais je crois que c’était au-dessus de leurs forces. Je me rappelle que la meilleure explication fut celle que me donna un vieil Écossais qui réparait les lignes pour le compte de la compagnie de Montréal, qui exploitait le télégraphe sur les réseaux. « Supposez, « disait-il, que vous ayez un basset allemand, assez long « de corps pour aller d’Édimbourg à Londres. En lui « tirant la queue à Édimbourg, il aboiera à Londres. Je saisis bien cela, mais je n’ai jamais pu comprendre ce qui se passe à travers le corps du chien ou le long du fil. »

Une négligence l’ayant obligé de quitter son poste du Canada, il devint télégraphiste ambulant ce qui lui permit pendant cinq ans de parcourir les États-Unis où la guerre civile battait son plein Finalement il entra à Boston au bureau de la Western Union. C’est là qu’il mit au point l’invention pour laquelle il prit son premier brevet en 1869. Il s’agissait d’un compteur de votes destiné à permettre de voter à la Chambre des représentants en moins d’une minute. Edison vint présenter son appareil à Washington. « Le président de la Commission, chargé de l’examiner, raconte Edison, après avoir constaté la rapidité et la perfection de la machine, me dit « Jeune homme, s’il y a une invention sur terre dont nous n’ayons pas besoin ici, c’est bien celle-là. L’une des meilleures armes entre les mains d’une minorité pour prévenir les dangers de mauvaises lois, c’est de fausser le scrutin par des manœuvres et cet appareil l’en empêcherait. » Heureusement pour sa fortune et pour sa gloire, Edison tourna son activité vers des inventions moins décevantes.

En 1869, Edison, à peu près ruiné par les recherches qu’il avait entreprises pour mettre au point diverses inventions, se rendit à New-York où il espérait rencontrer des conditions plus favorables à son avenir. Se trouvant un jour dans une des salles de la Gold Indicator Company, il eut la chance de pouvoir réparer un appareil très compliqué destiné à transmettre à un grand nombre d’abonnés les fluctuations du cours de l’or. Cela lui valut d’être chargé de la direction de ce service aux appointements de 300 dollars par mois. Ce fut pour lui le commencement de la fortune. Il continua ses recherches sur le télégraphe et apporta au fonctionnement des appareils utilisés d’importants perfectionnements. Il a raconté lui-même avec humour les conditions dans lesquelles il fut amené à passer à ce sujet son premier contrat. « Lefferts me fit venir dans son bureau et me dit « Voyons, jeune homme, je désire liquider la question « de vos inventions. Combien estimez-vous qu’il vous « soit dû? » J’avais réfléchi qu’en considérant le temps que j’y avais consacré et les conditions exceptionnelles dans lesquelles j’avais travaillé, je pouvais avoir droit à 5000 dollars, mais que je me contenterais de 3 000. Cependant, quand vint le moment psychologique de répondre, je n’eus pas le courage de fixer une somme aussi importante et je répliquai « Eh bien, général, « supposons que vous me fassiez une offre? Que « diriez-vous de 40000 dollars? me répondit-il. A l’énoncé d’une telle somme, je faillis m’évanouir et je craignis que le général n’entendît les battements de mon cœur. Je me bornai à dire que je trouvais la proposition équitable. « Très bien, conclut le général, je « ferai dresser un contrat; repassez dans trois jours et « je vous remettrai l’argent. »

A partir de cette date, les inventions allaient se succéder sans interruption et Edison devait montrer moins de naïveté dans l’art de passer des contrats d’affaire. Il a bien été le type de l’inventeur américain, ne reculant devant aucun effort, d’une ténacité à toute épreuve, mais sachant, une fois l’invention au point, en tirer financièrement tout ce qu’elle pouvait rendre.

En 1875, ses préoccupations se portèrent sur le téléphone que Graham Bell venait de découvrir, mais qui ne pouvait fonctionner que sur des distances assez courtes et dont la sensibilité était médiocre. En quelques mois Edison inventa le microphone au charbon, reconnut la nécessité d’intercaler sur la ligne une bobine d’induction et d’alimenter cette ligne par le courant constant d’une batterie. Le téléphone était alors définitivement au point et devenait utilisable par le public.

Mais l’invention la plus populaire d’Edison est celle du phonographe. Sans doute avant lui Charles Cros en avait conçu le principe mais esprit plutôt rêveur que pratique et n’ayant rien du réalisateur, trop pauvre d’autre part pour prendre des brevets, notre compatriote n’avait trouvé aucun constructeur pour s’intéresser à ses conceptions. Edison devait arriver le premier au but. Le 19 décembre 1877, il prenait un brevet relatif à un appareil destiné à la reproduction des sons. C’était un cylindre en cuivre porté par un axe horizontal et qu’un mouvement régulier de rotation faisait avancer progressivement le long de son axe. Il était recouvert d’une feuille d’étain sur laquelle appuyait une petite pointe fixée à la membrane d’une sorte de cornet acoustique. Lorsqu’on parlait devant le cornet en faisant tourner le cylindre, la pointe traçait un sillon en spirale dont les creux et les saillies suivaient les vibrations de la membrane. L’enregistrement terminé, il suffisait de disposer la pointe au début du sillon et de remettre le cylindre en marche. La membrane, entraînée par la pointe qui suivait les creux et les aspérités du sillon, entrait en vibration et reproduisait la voix enregistrée. Quelques mois plus tard, le phonographe fut présenté à l’Académie des Sciences de Paris par M. Puskas, concessionnaire du brevet d’Edison. M. Puskas prononça devant le petit cornet de l’instrument la phrase suivante « Le phonographe est très honoré d’être présenté à l’Académie des Sciences »

Puis il réclama un grand silence et il remit l’appareil en marche. On entendit alors une voix nasillarde douée d’un fort accent américain répéter assez distinctement « Le phonographe est très honoré d’être présenté à l’Académie des Sciences. » Mais un membre de la savante Compagnie, l’honorable M. Bouillaud, d’esprit méfiant, accusa M, Puskas d’être ventriloque et pour le convaincre le président de l’Académie dut enregistrer et reproduire à son tour la courte phrase « Nous remercions M. Edison de nous avoir envoyé son phonographe. »

Sans doute y avait-il loin des premiers appareils réalisés par Edison aux dispositifs actuels qui reproduisent si fidèlement la musique et la voix; mais le principe était posé et les progrès ne devaient pas tarder à se succéder rapidement.

En même temps qu’il travaillait au phonographe, Edison inventait la lampe électrique à incandescence qui devait apporter dans l’éclairage moderne une véritable révolution. Le principe en est très simple et beaucoup s’étonneront qu’il ait fallu toute l’imagination et la persévérance d’un inventeur aussi remarquable qu’Edison pour la mettre au point. Depuis longtemps on savait que le passage d’un courant dans un fil métallique échauffe celui-ci et le porte à l’incandescence s’il est suffisamment fin. Un fil de platine brille ainsi d’une vive lumière, et il paraissait tout naturel de songer à utiliser cette lumière pour l’éclairage. Cependant de nombreux tâtonnements furent nécessaires et pendant longtemps les résultats obtenus par Edison ne partirent guère encourageants. Les filaments qu’il Introduisait dans une ampoule où il réalisait le vide par les procédés qu’il avait alors à sa disposition n’avaient qu’une durée éphémère. Il s’adressa tout d’abord à des métaux comme le platine, puis à des filaments de coton et à des fibres de bambou enduites de carbone. Finalement il obtint les meilleurs résultats avec un filament constitué par une pâte de cellulose passée à la filière et recouverte de graphite. La lampe à incandescence était créée. Et, privilège fort rare, Edison connut la joie de voir son invention se répandre dans le monde entier et d’assister aux fêtes imposantes qui eurent lieu en Amérique pour en célébrer le cinquantenaire.

Au cours de ses études sur la lampe à incandescence, Edison fut amené à remarquer que le filament de carbone porté au rouge émet de l’électricité négative. Ce phénomène devait prendre par la suite une grande importance, tant du point de vue théorique que pour les applications qu’on en pouvait faire. Il constitue [l’un des exemples les plus simples où l’on assiste à la mise ‘en liberté de ces grains ou corpuscules d’électricité négative qui, sous le nom d’électrons, jouent un rôle fondamental dans la physique contemporaine. Beaucoup plus tard Fleeming et surtout Lee de Forest devaient utiliser « l’effet Edison pour constituer les lampes à deux et trois électrodes aujourd’hui d’usage courant en radiophonie et qui ont imprimé à la radio-électricité une impulsion dont il serait difficile d’exagérer l’importance. Parmi les autres inventions remarquables d’Edison, il convient de citer l’accumulateur alcalin fer-nickel qui fait une concurrence sérieuse à l’accumulateur au plomb jusqu’alors exclusivement utilisé. Edison avait également abordé vers l880 l’étude de la synthèse du mouvement et le dispositif qu’il mit au point permet de le considérer, avec Marey et quelques autres savants, comme l’un des précurseurs du cinématographe, dont la réalisation sous sa forme véritablement industrielle devait être l’œuvre d’Auguste et de Louis Lumière. Il faudrait encore mentionner ses recherches relatives à la dynamo et aux chemins de fer électriques, pour s’en tenir aux grandes questions sur lesquelles son activité inlassable s’est exercée. C’est par milliers que se comptent les perfectionnements ou inventions qu’il fit sanctionner par des brevets, et l’on peut se demander comment une vie d’homme, même relativement longue, a pu être d’une si prodigieuse fécondité.

Un jour que des interlocuteurs faisaient allusion à son génie, l’illustre inventeur repartit brusquement « Quelle blague Je vous dis que le secret du génie c’est le travail, la persévérance et le bon sens. » Et il disait encore avec humour « Le génie se compose d’un centième d’inspiration et de 99 pour 100 de transpiration. »

Sa puissance de travail était en effet extraordinaire. Il ne dormait jamais plus de six heures par nuit, et quand il avait en tête une idée nouvelle, il ne connaissait plus les limites du temps, des capacités humaines et de l’effort. II passait alors les nuits à son laboratoire, s’allongeant pendant quelques heures sur une table lorsqu’il était vaincu par la fatigue, s’endormant spontanément et s’éveillant tout à fait dispos. La nourriture n’avait pour lui qu’une importance secondaire. Il pensait qu’on mange toujours trop et il avait pour coutume de ne rester à table que très peu de temps. Quand il s’apercevait qu’il maigrissait ou qu’il engraissait, il mangeait un peu plus ou un peu moins afin de conserver le même poids.

Sa popularité dans le monde entier était considérable et elle ne peut guère se comparer qu’à celle dont a joui Pasteur. Il était devenu aux yeux des foules le type même de l’inventeur. Sans doute quelques esprits peu bienveillants ont-ils insinué qu’il manquait d’originalité, que son action ne s’est pas manifestée par des intuitions véritablement nouvelles dans des domaines encore inexplorés, et qu’il s’est surtout montré un chercheur ingénieux, avisé et persévérant. Mais la postérité pensera sans doute qu’il y avait en lui, en dehors de ces solides qualités, beaucoup de cette flamme mystérieuse et divine qui est l’essence du génie. Elle ratifiera le jugement qu’a porté sur son œuvre l’un des esprits les plus profonds de notre temps et peut-être de tous les temps, Albert Einstein « Edison, au génie puissant et inlassable, a écrit le fondateur des théories de la relativité, était un de ces cerveaux créateurs qui façonnèrent les temps modernes il nous a donné des choses sans lesquelles il nous est maintenant impossible de concevoir l’existence, et sa personnalité puissante frappera pendant plusieurs générations l’imagination de la jeunesse, »

Article signé A. BOUTARIC.

Éditeur : Librairie Plon (Paris)

Contributeur : Laudet  Fernand (1860-1933),  directeur de publication, Le Grix François (1881-1966), éditeur scientifique et Moulin René (1880-19..), directeur de publication.

Droits : domaine public.
Source : Bibliothèque nationale de France (gallica.fr)

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