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En 2021, le bulletin de versement connaîtra une mutation profonde. Il y a peu de différences entre le bulletin de 1906 ci-dessus et celui utilisé actuellement, si ce n'est pas un espace dédié aux références des factures et à des communications. Image issue du site de la BCV (bcv.ch)

1906: création des chèques postaux en Suisse

Au 19ème siècle, les échanges monétaires ne s’effectuaient qu’en argent liquide, la poste transportant parmi les paquets de toutes sortes des sommes d’argent à remettre aux destinataires. Ceci, jusqu’à la création du mandat postal en 1862, ou l’argent n’était plus transporté physiquement de l’expéditeur au destinataire de bout-en-bout, mais seulement vers et depuis la poste de son domicile. Les chèques postaux ont réglés les problèmes !

Des échanges commerciaux limités

Au tournant du 19ème et du vingtième siècle, la Suisse était un pays pauvre. A certaines périodes de l’année, il y avait pénurie de billets et monnaies, les différentes banques n’étant pas en mesure d’assurer la circulation des numéraires, limitant drastiquement les échanges commerciaux. Une solution fut proposée par le conseiller national libéral-démocratique Carl Koechlin, né en 1856 à Bâle et membre du conseil d’administration d’une société active dans la chimie, l’entreprise Geigy.

Première motion pour la création du service des chèques postaux

Au mitan de l’année 1900, Koechlin dépose une motion au Conseil national concernant la création d’un service de chèques et de virements postaux, demandant sa création dans le réseau des postes fédérales comptant à l’époque plus de 3000 points d’accès en Suisse, mis à la portée de tous. Il explique que le service existe déjà en Autriche, en Allemagne et en Angleterre, ou il rend d’innombrable service au petit commerce.

Un périodique neuchâtelois, la « Suisse libérale », expose le 30 juin 1900 le fonctionnement du système :

« Tout particulier aurait la faculté, moyennant un dépôt sans intérêt de 100 fr. par exemple, de se faire ouvrir un compte de chèques, au moyen desquels il ferait ses règlements. Comme il serait crédité lui-même des chèques postaux qui lui seraient envoyés en paiement,
cela lui permettrait de régler ainsi toutes ses opérations, sans faire usage de billets de banque ou de numéraire. Ce moyen d’échange, une fois compris par le public, vulgarisé et bien établi, prendrait en Suisse, comme ailleurs, un développement immense et constituerait un grand progrès en facilitant d’une façon très notable les règlements entre négociants et particuliers. »

Le texte précise également que le service serait très apprécié dans les régions reculées, là ou la pénurie de billets et monnaies se fait le plus sentir. A l’époque, on pense que la création d’un tel service serait profitable du point de vue économique en général, en réduisant sensiblement la circulation des billets de banque, circulation proportionnellement plus importante en Suisse que dans les pays voisins. Le texte précise que la circulation de l’argent en « cash » provoquerait de graves dangers pour le crédit en cas de crise avec les pays étrangers.

Cette motion fut bien accueillie par le conseiller fédéral neuchâtelois Robert Comtesse, responsable du Département des finances et des douanes, connu également pour son rôle de locomotive dans la création de la Banque nationale Suisse, dont la Loi fut votée en 1905.

Mise en oeuvre du service des chèques postaux

Le 14 juillet 1905, la Feuille fédérale publie la Loi sur les chèques postaux, aux côtés du texte d’une révision sur une Loi sur les allumettes. Le 1er janvier 1906, c’est Carl Koechlin qui ouvre le premier compte de chèques postaux, à l’office de Bâle. Pour connaître le succès, il faut également un important battage médiatique pour inciter les gens à s’ouvrir un compte de chèques : Le 19 janvier 1906, la Feuille d’Avis de Lausanne publie l’article suivant :

On ne saurait insister auprès de nos clients , des négociants et auprès des personnes appelées à de fréquents envois d’argent, pour qu’ils tentent tout au moins l’essai du nouveau service de chèques et virements postaux. Rappelons, en deux mots, le fonctionnement économique de cette innovation:  Supposons qu’Alain, à La Chaux-de Fonds veuille payer son tailleur Gilbert à Genève, et qu’il se soit fait ouvrir au bureau postal de La Chaux-de-Fonds un compte dont l’avoir est, à la fois, de plus de fr. 100 et supérieur à la somme qu’il veut envoyer. Il détache un chèque de son « carnet de chèques » et l’envoie au tailleur, qui va retirer la somme au bureau de Genève. Jusqu’ici aucune différence avec un mandat postal ordinaire, l’opération reste peu coûteuse. Mais si le tailleur Gilbert possède lui aussi un compte de chèques, l’administration opérera simplement, moyennant une taxe encore moins élevée, un simple virement sur son compte, aucune quantité de numéraire n’étant déplacée. L’avantage de la nouvelle institution est à la fois d’assurer un mode de paiement pratique, économique, et d’éviter un déplacement inutile de numéraire. Avis aux intéressés !

En 1910, il existait 10’000 comptes de chèques postaux, 200’000 en 1950 et presque 4 millions en 2009.

Pour continuer votre lecture

Cela s’est passé un premier janvier
Quelques vidéos d’archives (site de la RTS)

 

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