Les qualités et les défauts des liseuses

J’appartiens à une race en voie d’extinction, celle du consommateur qui n’achète qu’en magasin. Mais comme j’aime la contradiction, je vais vous parler d’une liseuse, un objet qui par essence n’exploite que du dématérialisé.

Si j’ai éprouvé du plaisir avec un livre, il m’est inconcevable de ne lire qu’un seul livre de son auteur. Ma bibliothèque « physique » comprend de nombreuses collections entières d’auteurs, morts ou vivants. Pour les plus connus, je peux citer Simenon, avec la totalité des Maigret que je relis régulièrement ; je viens de terminer la série des Lynley d’Elizabeth George, qui place ses enquêtes policières au Royaume-Uni, de Lands’ End jusqu’en Ecosse : elle a le talent de raconter un pays que j’apprécie particulièrement avec deux personnages que tout oppose, un inspecteur de criminelle éduqué dans une école privée et muni d’un titre de noblesse, et une « sergente » issue des bas-fonds de Londres. Deux personnes qui ne sont pas censés se rencontrer dans la vraie vie, mais qui font des merveilles dans un roman. Récemment, j’ai presque terminé les livres de Pat Conroy : il ne m’en manque qu’un seul, qui ne se trouve plus en librairie mais que je finirai bien par dénicher un jour dans une bouquinerie quelconque.

Le papier occupe une place considérable

J’ai commencé à m’intéresser aux liseuses il y a quelques mois, en tentant une nouvelle fois de réorganiser mes bouquins. Vous l’avez lu en introduction de cet article, je n’achète rien de matériel sur internet : ni livre, ni chaussures, ni veste, ni smartphone, ni… rien.

Pour ce site, je consulte régulièrement des documents tombés dans le domaine public, disponible au format électronique : une liseuse à l’avantage de réduire la fatigue des yeux au contraire de l’écran d’une tablette. J’ai découvert un monde d’incompatibilités et de fonctionnalités qu’il est nécessaire de connaître avant même d’avoir décidé quel appareil acheter.

La place considérable qu’occupe le papier est son principal défaut. On y ajoute le fait que je suis incapable de jeter ou donner un livre, même mauvais : mes étagères débordent, mes bacs en plastique sous le lit débordent… bref, je n’ai plus de place. Mes principes vont peut-être voler en éclat avec cette liseuse, car on ne peut pas visiter sa librairie favorite avec son appareil dans la poche et en ressortir avec un nouveau roman à l’encre électronique.

Il faut bien étudier la question avant de choisir une liseuse

Si au vingt-et-unième siècle, on peut s’attendre à ce qu’un objet connecté soit facile à appréhender, j’ai vite remarqué qu’il faut de la patience avant de pouvoir commencer la lecture de son premier ebook.

Il en ressort que la Kindle est un bon choix pour les habitués du commerce en ligne, avec de la variété dans les modèles et les fonctionnalités. Elle est assez facile à mettre en service, car elle appartient à un écosystème, celui d’Amazon. Pendant longtemps, la Kindle n’acceptait que les livres électronique du format propre à Amazon. Depuis l’été 2022, le format EPUB est accepté, mais seulement si le fichier ne comporte pas de surcouche DRM (gestion des droits numériques) : c’est frustrant, car si on fréquente les bibliothèques publiques, elles sont très nombreuses à proposer sur leurs sites internet des ebooks au format EPUB, avec DRM. Qui dit écosystème, dit aussi dépendance : libre à Amazon de supprimer sans préavis un livre présent sur votre appareil qu’il ne souhaite plus que vous ne possédiez.

Or donc, pour moi, la Kindle ne me convient pas. J’ai jeté mon dévolu sur le modèle Shine 4 de la marque « tolino », vendue dans une Migros du canton de Neuchâtel, en Suisse. Dans mes critères, il y avait la taille qui devait s’approcher du format livre de poche, le rétroéclairage pour lire de nuit, la possibilité de prendre des notes et pouvoir alimenter l’appareil en bouquins EPUB avec DRM directement depuis le navigateur intégré. Résident en Suisse, pays quadrilingue, l’appareil étant vendu dans un commerce francophone, je pensais naïvement que la liseuse serait en mesure de se connecter à une librairie romande de mon choix.

La tolino (sans majuscule dans le logo) est un appareil allemand. Elle est vendue en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Si l’appareil peut être configuré en français, la seule librairie installée sur la liseuse est germanophone… Orell Füssli, c’est son nom, ne vend pas un seul ebook en français !

J’ai cherché à y mettre les accès direct aux ebooks de la librairie Payot, je n’y suis pour le moment pas parvenu sans passer par mon PC en étape intermédiaire. En attendant, je me console avec les livres électroniques proposés par la bibliothèque de mon village, que je peux emprunter directement depuis la liseuse.

Verdict ?

Pour ce qui est du confort de lecture, je me suis très vite habitué à cette façon de consommer du livre. La taille des caractères, la luminosité et les interlignes peuvent être réglés selon ses préférences. Je ne recommanderai pas une liseuse à une personne peu à l’aise avec les outils numériques : il faut savoir manipuler des fichiers d’un disque à l’autre, savoir ce qu’est un « DRM » et ouvrir un compte Adobe pour disposer d’un « ID » à introduire dans la liseuse. Il faut aussi savoir naviguer dans l’appareil, dont l’interface ne ressemble en rien à celui d’un ordinateur ou d’un smartphone.

Enfin et pour terminer, il y a tout de même quelques avantages à l’utilisation d’une liseuse, l’accès à des milliers de documents tombés dans le domaine public, dont les grands classiques, à télécharger aux adresses suivantes :

• https://www.gutenberg.org/ propose des milliers de livres, gratuitement et dans plusieurs langues, tombés dans le domaine public aux USA.
• https://ebooks-bnr.com/ est le site de la Bibliothèque numérique romande. Même principe que le précédent.
• Le fabricant de liseuses, Kobo, en propose sur son site à l’adresse https://www.kobo.com/ch/fr/p/livres-gratuits
• Le site https://gallica.bnf.fr de la Bibliothèque nationale de France offre de très nombreux documents