L’invention de la bière

Nous ne sommes pas loin de la vérité en affirmant qu’il existe autant de bières différentes que de peuples sur la Terre. Mis à part les quelques pays qui interdisent toutes consommations d’alcool, la bière accompagne les meilleurs repas, mais aussi les fêtes, les soirées au bistrot et étanche la soif après une dure journée de labeur. La bière est aussi souvent synonyme d’excès ; il faut donc la consommer avec modération !

Pour produire de la bière, il faut des céréales. La Jordanie connaissait déjà le pain il y a plus de 14’000 ans. Il y a 12’000 ans, des peuples habitant une région de la Turquie d’aujourd’hui consommaient des céréales partiellement moulues et cuites. L’agriculture céréalière commence donc au même moment, lorsque les chasseurs-cueilleurs découvrent la culture du blé, de l’orge, du maïs ou encore du riz.

L’origine exacte de la bière est inconnue

Les premières boissons fermentées sont certainement arrivées dès lors qu’un peuple a connu tous les ingrédients nécessaires à sa production, et des preuves de son existence ont été trouvées en Mésopotamie, en 8000 avant J.-C, avec une bière qui n’y ressemble pas : Le Sikaru était une sorte de pain trempé dans de l’eau, son immersion permettant de déclencher la fermentation. Il fallait consommer le résultat avec une paille pour éviter d’avaler autre chose que du liquide.

En Mésopotamie toujours, des récipients en céramique de 3400 avant J.-C. ont été trouvés avec des résidus de bière. La bière constituait un moyen de s’hydrater sans risquer sa santé avec la qualité des eaux des rivières souvent contaminées par des déchets carnés.

En Europe, au début du Moyen-âge, la bière perd en importance au profit du vin sous l’influence de l’église, mais reprend des forces dès le 7ème siècle grâce à certaines abbayes allemandes et françaises. C’est aussi à cette période que la bière se modernise, et adopte un goût plus agréable avec l’ajout de houblon au début du 11ème siècle, puis la fermentation basse vers l’an 1450.

L’invention des bières modernes

Ensuite, silence total jusqu’en 1842 ou un certain Josef Groll crée la bière pils à la Bürgerlichen Brauhaus, la brasserie des bourgeois de la ville de Pilsen en Bohême (République tchèque). C’est une bière blonde, de fermentation basse et qui se boit fraîche. Elle a été tellement copiée que les bières traditionnelles (brune, épaisse, de fermentation haute) ont pu craindre de disparaître. A la fin des années 1800, le secteur s’est industrialisé : amélioration des techniques de pasteurisation, réfrigération, production des levures, mise en bouteille, distribution.

Que les amateurs de bières se rassurent : on ne peut pas terminer cet article sans parler des micro-brasseries, qui ont commencés à essaimer dès la fin des années 1990. Chaque village est susceptible d’héberger sa petite brasserie, commercialisant ses mousses au bistrot du coin. Rencontrer le brasseur, l’entendre parler de son art, cela vaut une soirée découverte !

Au vingt-et-unième siècle, la consommation d’alcool est strictement réglementée dans la plupart des pays : les enfants ne peuvent souvent pas en boire avant l’âge de 16 ans, ou doivent attendre la majorité. Ce sont pour la plupart des lois récentes, que nos grands-parents ne connaissaient pas.
Il existe pourtant un texte de loi très ancien qui remonte à 1750 avant J.-C ; le Code d’Hammurabi.

C’est un texte de loi du Royaume de Babylone aujourd’hui exposé au Louvre à Paris : sur sa stèle sont inscrites des décisions de justice rendues par le roi. Parmi quelques joyeusetés, dont des décisions sur la location des champs, le vol dans les maisons, le divorce, on trouve aussi des lois sur les cabaretières, les tenancières des tavernes de l’époque. Aujourd’hui, si un ado s’offre une bière, le patron du bistrot risque une amende. A Babylone, si des rebelles se réunissaient dans une taverne sans que la cabaretière les dénoncent au roi, elle risquait la mort…