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Une image provenant de Pixabay, crée par JerzyGorecki.

Qui a inventé l’antibiotique ?

Qui a inventé l’antibiotique ? En fait, la pénicilline, le tout premier antibiotique, a été découverte deux fois. On en attribue l’invention au seul Alexander Fleming en 1928, alors que la thèse du jeune médecin français Ernest Duchesne montrait déjà en 1897 que des moisissures de Pénicillium glaucum stoppaient la prolifération des bactéries. C’est plutôt surprenant, mais le vinaigre joue aussi un rôle dans la découverte de l’antibiotique et il faut aussi rendre hommage aux travaux du français Louis Pasteur et à un chirurgien anglais, Joseph Lister, qui ont étés les premiers à s’intéresser aux bactéries.

Le vinaigre est aussi un médicament mais pas un antibiotique.

Une source canadienne mentionne le fait que les Babyloniens utilisaient le vinaigre comme condiment et agent de conservation des aliments, 5000 ans avant Jésus-Christ. En 2000 avant J.-C., le vinaigre s’utilisait pour soigner des maladies et des blessures. Et voici que 3800 ans plus tard, un certain Christiaan Hendrick Persoon, notoirement connu pour son sale caractère mais accessoirement mycologue de renom, décrit la Mère de vinaigre en 1822, une sorte de film fabriqué par des bactéries acétiques et qui se dépose sur certains liquides : vin, bière, jus de fruits.
Cela semble évident aujourd’hui, mais dans les années 1800, personne ne savait que des micro-organismes colonisaient les humains, les animaux, l’eau que nous buvons ou l’air que nous respirons.

Louis Pasteur

En 1862, Louis Pasteur confirme les travaux de C.-H. Persoon, soit que mycoderma aceti (devenu Acetobacter aceti) joue un rôle actif dans la formation du vinaigre.

Une année après, Napoléon III engage Louis Pasteur en sa qualité de spécialiste de la fermentation et de la putréfaction pour qu’il trouve une solution aux maladies que connaissent les vins de France, qui en l’état ne peuvent pas être vendus. Quatre années après avoir confirmé les travaux de Persoon, Pasteur propose le 11 avril 1865 de chauffer le vin à 57°c pour tuer les micro-organismes responsable de la maladie du vin. C’est l’invention de la pasteurisation, abandonnée pour le vin en 1930 mais aujourd’hui essentiellement utilisée pour la conservation du lait, bien différente de ce qu’avait proposé Nicolas Appert en 1831 qui s’inquiétait aussi pour le vin en le stérilisant dans un récipient fermé.

Des traces de moisissures sur des fromages
Exemples de moisissures présentes sur des fromages. Une image de Pixabay.

Pasteur subit en 1868 un accident vasculaire cérébral, qui le handicapera pour le restant de ses jours. Des cinq enfants qu’il aura avec sa femme Marie, trois n’arrivent pas à l’âge adulte à cause de la fièvre typhoïde. Ces événements malheureux influencent sa décision d’ouvrir en 1888 l’Institut Pasteur, qui publiera de nombreux travaux sur la microbiologie. A cette époque, on niait l’existence des germes et Pasteur doit convaincre les médecins de l’importance de la stérilisation des mains et des instruments utilisés en médecine.

Joseph Lister

Né en 1827, Lister est un chirurgien anglais qui a fait connaître les techniques d’antisepsie. En 1865, il s’intéresse aux travaux de Pasteur sur la putréfaction. On croyait alors que le pus permettait la cicatrisation des plaies et Lister constate que les germes provoquent au contraire la gangrène. Il eut l’idée de vaporiser de l’acide phénique sur les instruments, les plaies, les habits et l’air ambiant, souhaitant ainsi appliquer une substance capable de détruire les germes en suspension. Cette méthode réduira la mortalité faisant suite à une intervention chirurgicale, mais pas encore suffisamment car elle n’est applicable qu’aux opérations en surface mais pas en profondeur.

Ernest Duchesne invente la pénicilline, le premier antibiotique

Né à Paris en 1874, il est le fils d’un ingénieur chimiste. Dès 1892, il étudie à Lyon à l’Ecole du Service de Santé militaire sur les conseils du Dr Calmette, fondateur de l’Institut Pasteur de Lille. Sous la direction du Professeur Roux, Duchesne prépare une thèse consacrée aux micro-organismes, certainement influencé par les travaux de Pasteur. De très nombreuses expériences lui feront prendre conscience que les moisissures apparaissent là où les microbes sont peu présent, car les microbes sont plus résistants.

Ses expériences l’amèneront à travailler sur des cultures de penicillium et des cultures virulentes de bacille d’Eberth. En appliquant le dernier au premier, il constate que les moisissures disparaissent. Ne reste plus qu’à savoir pourquoi.
Le 1er décembre 1897, il inocule des cultures de colibacilles et de bacille d’Eberth à deux cobayes (animaux) : ils mourront après 24h. Peu après, il tente à nouveau l’exercice sur deux autres cobayes, mais en y ajoutant des cultures de Penicillium glaucum. Après 48h, les animaux sont en pleine santé. Cette expérience est reconnue comme étant la première pénicillothérapie par voie parentérale.
Le 17 décembre 1897, il soutient sa thèse de médecine. Il obtiendra la note maximale et des félicitations mais tombera dans l’oubli. Médecin militaire, il mourra à 37 ans dans l’anonymat le plus total. La personnalité du Professeur Roux, relativement effacé, ne contribuera pas à offrir la publicité suffisante pour permettre à d’autres de poursuivre les travaux de Duchesne.

Nouvelle découverte de la pénicilline par Alexander Fleming

Pasteur, Lister et Duchesne ont déclenchés la guerre contre les bactéries, mais c’est Alexander Fleming qui a permis à la médecine de faire un bond de géant. Sa (re)découverte en 1928 de la moisissure inhibitrice de bactéries est accidentelle, mais elle a sauvé et sauve encore de nombreuses vies.

On sait de façon certaine depuis les travaux de Pasteur que certaines bactéries sont responsables de graves maladies, mais personne n’avait encore trouvé un médicament capable de tuer les bactéries, sans affaiblir le patient. En 1922, c’est grâce à un rhume qu’il fit la découverte du Lysozyme : une goutte de mucus nasal tombé dans un récipient rempli de bactéries fit disparaître les germes.

L’Histoire suivante varie d’une source à l’autre, certains racontent que Fleming était occupé à ranger des boites de Pétri sales à son retour de vacances, qu’il avait laissé de côté avant de partir. C’est en nettoyant les boites qu’il constate qu’une moisissure s’est développée en son absence et attaquait des germes. L’autre Histoire évoque la visite d’un ancien assistant de Fleming, un certain Pryce muté auprès d’un autre laboratoire. Pour montrer sa charge de travail, Fleming montre à Pryce la masse de travail en attente, dont le nettoyage de nombreuses boites de Pétri. Celles restées au-dessus de la pile n’étant pas immergées dans le produit de nettoyage ont vu se développer une moisissure, capable de tuer Staphylococcus aureus.

De nombreuses semaines d’expériences permettront de définir quelle était cette substance particulière, présente dans la moisissure et qui avait tué la bactérie. C’est après avoir discuté avec un mycologue qu’il oriente ses recherches autour du champignon Penicillium et trouve la solution le 3 septembre 1928.

Malheureusement, l’élément actif ne le reste pas suffisamment longtemps pour pouvoir être utilisé en médecine. En 1929, il rédige un article scientifique sur sa découverte, qui restera confidentiel.

Production de masse d’un antibiotique

Il faudra attendre les années 1940 pour que deux scientifiques de l’Université d’Oxford reprennent les recherches pour aboutir dès 1941 à la production industrielle de ce que nous appelons désormais la pénicilline, lancée après l’attaque de la base militaire américaine de Pearl Harbor sur l’île d’Hawaï. L’importante quantité d’antibiotique disponible à la fin de la guerre a permis de réduire la mortalité par infection bactérienne de 20% à 1%.

Pour son travail, Fleming recevra le prix Nobel de médecine, partagé avec les deux scientifiques d’Oxford, l’australien Howard Florey et Ernst Chain, un réfugié allemand.

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