Le 26 mai 1927, Henry Ford et son fils Edsel conduisent la dernière Ford T hors de l’usine, marquant le dernier jour de production de ce modèle d’automobile qui a révolutionné la mobilité aux États-Unis, et dans le monde en général.
Pour vendre des Ford T, Henry Ford augmente les salaires et la productivité
Jusqu’au lancement de la « T » en 1908, aussi connue sous le surnom de Tin Lizzie, les voitures étaient très majoritairement construites à la main, une par une. A une exception près (La Curved Dash d’Oldsmobile), la production en série n’existait pas.
Pour s’assurer une clientèle de base, Henry Ford décide d’augmenter le salaire de son personnel de manière que chacun puisse s’offrir une voiture qu’il a lui-même construit. Pour contribuer à la baisse des coûts, il développe le travail à la chaine et s’obstine à construire une voiture robuste, simple et fiable : chaque ouvrier est assigné à un poste précis, qu’il doit maitriser à la perfection.
Le fordisme, un concept bien connu dans les ressources humaines
Les spécialistes en ressources humaines connaissent bien l’histoire d’Henry Ford : il est connu pour son modèle d’organisation et de développement appelé le fordisme, concurrent ou successeur du taylorisme selon les points de vue. L’idée d’une chaine de production, utilisant des convoyeurs, était basée sur ce que Ford avait vu dans des abattoirs de Chicago. Le fordisme était aussi lié au fait que les salaires étaient indexés sur l’amélioration de la productivité : une large place était accordée à la division du travail et à la standardisation.
Le conducteur, lui, doit pouvoir réparer son véhicule avec des outils de de base. Le moteur, un quatre cylindres de 20 chevaux, permet d’atteindre 75 kilomètres/heure. Les premiers modèles étaient vendus 900$ (environ 21’000 Chf d’aujourd’hui). Le prix de base du véhicule sera même abaissé à environ 6000 de nos francs suisse après les améliorations à la ligne de production. Des articles de la presse de l’époque mentionnent que le temps nécessaire à la construction d’un seul véhicule est de 93 minutes, ce qui contribue à un prix bas.
La Ford T, responsable de l’amélioration des routes américaines
Introduite en 1908, la T connaissait des conditions de routes difficiles. C’est devant son succès que le gouvernement américain décidera en 1920 seulement de construire de nouvelles routes. Henry Ford était tellement fier de sa voiture qu’il n’imaginait pas un instant en stopper la production ou changer ne serait-ce qu’un boulon de son véhicule. En 1926 pourtant, Henry Ford remarque que la concurrence est féroce et nombreuses sont les marques proposant des véhicules plus modernes. Les ventes sont en chute libre. Il espérait alors pouvoir modifier petit à petit l’équipement des usines pour la production du modèle suivant (la Model A) tout en poursuivant la construction de la T. Vu le manque de client, le 25 mai 1927, il annonce qu’il met fin à la production de Tin Lizzie le lendemain.
Rapidement, de nombreuses usines Ford sont fermées. 60’000 salariés sont licenciés.
En 1927, Ford ne vend que 500’000 véhicules, moins de la moitié que son concurrent Chevrolet. En décembre de cette année, la modèle A est lancée. Les publicités qu’Henry Ford signaient de sa main, à l’époque, précisaient que la Ford modèle A avait été développée pendant 12 ans avant d’être mise sur le marché.
Une éloge funèbre pour une voiture
Henry Ford, dans son éloge funèbre, dira de sa voiture « Elle avait de l’endurance et de la puissance. C’est la voiture qui a roulé avant que ne soient construites les bonnes routes sur lesquelles rouler. Elle a fait tomber des barrières et permit aux régions rurales de se développer ».
