1958: Les premières installations de contrôle de la vitesse

Une longue recherche parmi les nombreux sites internet permettant de fouiller les archives de la presse suisse et internationale n’aura pas permis de définir avec certitude de quand date le premier contrôle radar effectué. Un article de France Soir daté du 12 juillet 1958 affirme que le premier contrôle a eu lieu le jour d’avant, un jeudi après-midi. Le dispositif était caché derrière un panneau routier interdisant de dépasser et était installé aux Bois de Vincennes, en France.

Le radar ne porte pas encore son nom. Il est présenté comme étant un « détecteur dynamométrique » et son coût était de 200’000 francs français de l’époque.

Le contrôle de la vitesse des véhicules

Un autre article publié dans Le Peuple du 19 juillet 1962 évoque les premières démonstrations d’un radar neuchâtelois. A l’époque, la démonstration se terminait avec un petit blanc. Une belle époque révolue !

On sait que beaucoup d’accidents sont la conséquence d’excès de vitesse des véhicules. Des limitations de vitesse ont été imposées à l’approche des agglomérations. Certains automobilistes ne les respectent guère. Quand ils sont pris en flagrant délit, d’inévitable contestations surgissent. Les estimations personnelles sont sujettes à caution. Pour éviter toute erreur d’appréciation, la police cantonale fait l’acquisition d’appareils Multanova, qui enregistrent automatiquement la vitesse des véhicules passant devant eux. Une séance d’information et de démonstration de l’appareil été organisée lundi par la police cantonale. De nombreux journalistes y assistaient. La séance commença à la rue du Coq-d’Inde, dans les bureaux de la brigade de la circulation. M. Russbach nous démontra l’utilité de l’appareil en question, comment on l’emploiera et où on le mettra en action.

Certaines parties de notre réseau routier sont connues par les nombreux accidents qui s’y produisent. Ce sont ces endroits qui seront particulièrement surveillés au moyen du nouvel appareil. Un technicien nous fit admirer ensuite l’extrême sensibilité de l’appareil, dont les déviations de fréquence sont proportionnelles à la vitesse du véhicule. Suivant la position qu’on lui donne, il n’enregistre qu’un côté de la route et pas trace d’oscillation de l’aiguille pour les véhicules venant en sens inverse. En revanche, sur le but visé, les moindres bruits sont enregistrés et les entrechocs d’un trousseau de clés sont relevés. Ce radar fonctionne à merveille. On retrouve l’indication exacte de la vitesse du véhicule sur la feuille introduite dans l’appareil. Aucune appréciation subjective personnelle sujette à caution, mais une inscription mécanique automatique.

Mais les autos passent si rapidement que l’agent qui, par son appareil, a constaté l’excès de vitesse, ne saurait songer arrêter l’automobiliste fautif. Aussi un second poste d’agents est-il placé à un kilomètre de là, relié par téléphone à l’agent qui constaté l’excès de vitesse. Et ce sont les agents de ce second poste qui arrêteront le coupable. Après la théorie, la pratique. Nous nous rendons tous devant la Favag, sur la route du bas. L’auto renfermant l’appareil est placée au bord de la route et nous voyons l’aiguille trembloter, avancer ou reculer sur le disque au passage des autos. Nous formons un groupe important qui doit nécessairement attirer l’attention des automobilistes et les inciter la prudence. Aussi, pas d’excès de vitesse notable. Nous gagnons alors le second poste sur la route des Falaises et attendons les événements. Soudain, alerte ! Un camion jaune a passé une vitesse anormale, téléphone le poste de la Favag. Pas moyen de savoir son numéro: il est couvert de boue. Une minute d’attente. Le voici. Deux agents l’invitent à s’arrêter, laissant circuler les autres véhicules. Surprise c’est un ancien gendarme agent de la brigade de la circulation qui conduit le camion. M. Russbach lui explique gentiment qu’il est doublement en faute, mais qu’il n’y aura pas de sanction, car il ne s’agit aujourd’hui que d’une démonstration du nouvel appareil enregistreur. Et le conducteur, un peu confus tout de même, repart alégrement. Nouvelle surprise au second excès de vitesse signalé. C’est un ancien conseiller d’Etat. On en rit sous cape. Mais voici que le temps se gâte. Nous renonçons nous rendre à Areuse, où devait se poursuivre la démonstration. Ce que nous avons vu est suffisamment concluant. Aussi la plupart des journalistes acceptent-ils l’invitation de se rendre au carnotzet cantonal, pour savourer un verre de blanc.

Article publié le 22 octobre 1969 dans le journal « La nouvelle revue de Lausanne »

La voiture radar se trouve stationnée normalement sur le bas côté de la route, avec bien entendu à bord les appareils « cinémomètre ».

Deux inspecteurs sont en place, dans la voiture; le premier contrôle les appareils et le second est en liaison avec une équipe d’agents postés 300 mètres plus loin. Une voiture passe. Elle semble en excès de vitesse notable, le radar envoie une onde radioélectrique à fréquence très élevée, ondes qui se propagent en ligne droite à la vitesse de la lumière. Elle atteint immédiatement le véhicule, et elle est réfléchie non moins immédiatement, mais à fréquence différente en raison de la vitesse du véhicule qui vient de passer.

Cette différence de fréquence permet la mesure immédiate de la vitesse de l’automobile avec une précision à peu près totale enregistrée sur un galvanomètre. Répétons que chaque fois qu’un tel contrôle à lieu, l’appareil se bloque, et qu’il ne peut plus y avoir de confusions avec une voiture suivant de près. Dès l’enregistrement, l’équipe d’agents situés à 300 mètres est alertée. La voiture en infraction est stoppée et le procès-verbal dressé. L’amende sera d’autant plus salée que la vitesse-limite aura été dépassée.

Une vidéo archive de la RTS de 1966 vous propose de visionner l’installation d’un radar au sortir d’une localité.

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Grégoire Pomey

Ancien électronicien passionné par l'histoire des technologies, je parcours les archives de la presse pour vous proposer des éléments d'histoire des inventions, des technologies et de divers objets de la vie courante. Je m'intéresse aussi à l'histoire de mon pays, la Suisse, et vous en présente parfois des éléments marquant. Vous avez trouvé une erreur ? Écrivez-moi !