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Trump joue à SimCity et ce n’est pas fameux

Une vue de SimCity 3000. Une image by-nc-nd 3.0 de Jordan90 sur Deviantart.com

J’avais six ans quand j’ai touché mon premier ordinateur. En 1986, j’étais fasciné par la commande DOS, le célèbre C:\ et l’écran monochrome noir et vert d’un déjà obsolète PC/XT. Fasciné, mais bloqué à cette étape sans l’aide d’un parent pour choisir la bonne disquette et lancer le traitement de texte. Trois ou quatre ans plus tard, à la salle d’info de l’école, c’était un Macintosh qui me faisait de l’oeil : écran couleur, navigation à la souris, le miracle du scanner à main capable de copier mes gribouillis. Je découvrais aussi l’existence de SimCity permettant la gestion d’une ville virtuelle.

Je n’ai jamais été un grand joueur sur écran en dehors des franchises SimCity qui sont passées sous mes yeux: le premier, le «Classic», les SimCity 2000 (à jamais le meilleur) et 3000, le 4 (trop compliqué) et pour terminer la grande déception du SimCity de 2013 qui m’a rapidement poussé à la concurrence chez Cities Skyline.

Le Maire d’une ville virtuelle a tous les pouvoirs

Seul aux commandes d’une ville virtuelle, on décide de façon fort peu démocratique des impôts, des écoles mises à disposition des enfants de sa ville et des politiques en vigueur. On décide aussi si les habitants vivent au milieu des usines ou si celles-ci sont confinées dans un coin du «terrain» pour éloigner la pollution. Le Maire d’une ville SimCity, c’est un peu dieu (sans la majuscule à dieu, faut pas abuser quand même).

Imaginez maintenant un instant que Donald Trump soit confortablement installé dans son bureau ovale, une tasse de café (made in USA) à la main et l’autre main sur la souris prêt à bâtir son Amérique dans SimTrump 2025. Après avoir supprimé ici et là quelques écoles et une université, redéfini quelques politiques Woke et mis les budgets à zéro un peu partout, il décide de s’intéresser aux effets des impôts. D’un clic déterminé, il décide au doigt mouillé d’augmenter les taxes d’importation du monde entier, à l’exception pour le moment des seuls que je n’ai pas trouvé dans la liste du jeu SimTrump que sont les russes, les biélorusses et le Vatican.

Dans le monde merveilleux de SimTrump, tout ce qui n’est pas « Made in America » est synonyme de chaos, de dettes et de ruine des USA.

A quoi pourrait ressembler SimCity Trump en 2025. Image générée par IA. Un homme gère sa ville sur un écran, en y apposant des figurines et en modifiant des paramètres tels que les taxes.
A quoi pourrait ressembler SimCity Trump en 2025. Image générée par IA. Un homme gère sa ville sur un écran, en y apposant des figurines et en modifiant des paramètres tels que les taxes.

Les infrastructures universitaires en ruine

Dans cette version alternative de SimCity, le président Trump a trouvé comment financer ses projets grandioses : couper les subventions universitaires et scientifiques. Il a découvert qu’il suffit de stopper les investissements dans les centres de recherche pour pouvoir construire une gigantesque statue à la chevelure orangée sur la place centrale de sa ville virtuelle.

La NASA se voit réduite à un simple observatoire public pour regarder la « Trump Tower » briller au clair de lune. Les astronautes, désespérés, se reconvertissent en vendeurs de casquettes MAGA pendant que d’anciens étudiants trouvent refuge dans les rares centres de formation en Trumpologie, nouvellement créés pour enseigner l’art de la négociation musclée et du tweet rageur.

La science à l’âge de pierre

Pendant ce temps, les États voisins se retrouvent face à un choix difficile : payer les droits de douanes exorbitants ou boycotter le pays ? Rapidement, le pendant numérique de la Silicon Valley commence à fabriquer des iPhones en pierre taillée, tandis que l’industrie pharmaceutique tente de redécouvrir les vertus médicinales des racines et des plantes locales.

Comme dans tout bon City builder, l’algorithme tente de s’auto-réguler malgré les taxes punitives en agissant sur d’autres paramètres… mais la ville fictive de Trump s’effondre quand même sous le poids de ses propres décisions absurdes. Les républicains, fatigués et désespérés, manifestent avec des pancartes en carton recyclé – une nouveauté pour une partie de cette population qui croyait autrefois que le recyclage était une idée wokiste.

Et tandis que la ville tombe en ruine, le président, perplexe, consulte le manuel de son jeu vidéo pour comprendre pourquoi sa stratégie « America First » ne fonctionne pas comme prévu. Peut-être aurait-il dû investir dans l’éducation et la recherche plutôt que dans des murs inutiles et des taxes punitives ? Même dans un jeu vidéo de gestion, la réalité finit toujours par rattraper ceux qui préfèrent construire des statues à leur gloire plutôt que d’investir dans le savoir.

Le «dieu» de SimCity, toujours sans la majuscule, s’appelle Trump désormais

Je n’aurai jamais les compétences pour gérer un pays malgré les dizaines centaines d’heures passées avec les SimCity et Cities Skyline. Notez bien que je n’ai pas envie d’essayer non plus, au contraire de Donald. Depuis quelques semaines, j’ai bien l’impression que le grand blondinet à casquette rouge MAGA a découvert qu’il pouvait installer une version simplifiée de SimCity sur son téléphone et qu’il a réussi à connecter le Pentagone et le Capitole dessus.

Encore 3.8 ans à tenir.

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EDIT: je viens de trouver ça sur Steam… Cela s’appelle Trump Simulator 2025. Argh.

Espace de discussion

  1. Aloïs Aloïs 4 avril 2025

    Excellent article !

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