C’est la panique sur les marchés boursier depuis le début du mois d’avril, essentiellement par la faute d’un seul homme, j’ai nommé Donald. L’occasion pour moi de revenir sur l’invention des taxes et impôts et sur des exemples pas si vieux qui montrent que les droits de douanes qui explosent n’ont jamais donnés les effets bénéfiques escomptés.
Les premières douanes
Les échanges de marchandises sont taxés depuis l’Antiquité. Les premiers douaniers, en Grèce, contrôlent, pèsent et évaluent les marchandises pour en déterminer les taxes. Les Romains emploient des publicains dans le cadre de l’affermage : ces hommes paient à l’État le droit de percevoir les taxes pour leur propre compte en espérant en tirer un bénéfice. Ce système est avantageux pour l’État car il assure une rentrée immédiate mais génère passablement d’abus. L’affermage restera en usage longtemps, avant que les différents pays ne décident la mise en place de services publics dédiés. En France, c’est Jean-Baptiste Colbert qui favorise la création d’un tarif national dès 1664. Le protectionnisme national est né, et déjà certains partenaires étrangers se plaignent des taxes.
La Loi Méline
En 1892, le marché européen est inondé de blé à bas prix provenant du monde entier. Confrontée à une grave crise agricole, la France entend protéger ses paysans en érigeant de fortes barrières douanières avec la Loi Méline votée en janvier 1892, qui charge aussi les broderies et machines-outils de l’étranger.
Ce protectionnisme agricole soulage temporairement les campagnes française mais pénalise les consommateurs qui voient les prix augmenter. Il n’est pas sans conséquences diplomatiques, plusieurs pays s’estimant lésés. Parmi eux, un petit voisin que l’on imaginait pas riposter : la Suisse est très dépendante de ses exportations vers la France et tente de négocier, sans succès. Elle réagit le 27 décembre 1892 en taxant très fortement les produits français, coupant net les importations françaises. Elle réoriente dans le même temps ses importations et exportations vers d’autres pays européen en négociant des accords douaniers favorables à toutes les parties. La France s’est isolée du reste de l’Europe, et la Suisse a montré qu’il était possible de travailler avec d’autres partenaires. En 1895, en constatant l’échec de sa politique protectionniste, la France revient à la table des négociations et assouplis ses taxes. David a gagné contre Goliath.
Je vous recommande l’excellent article du journal suisse 24h à ce sujet.
Le Tariff Act, la loi Hawley-Smoot
La France n’a pas été la seule à céder aux sirènes du protectionnisme. En 1930, au début de la Grande Dépression, les États-Unis adoptent le Tariff Act, plus connu sous le nom de loi Hawley-Smoot. Ce texte relève massivement les droits de douane sur des milliers de produits importés. L’objectif est de protéger l’emploi américain, mais les effets sont pénibles : les partenaires ripostent, le commerce mondial s’effondre et la crise s’aggrave. La loi Hawley-Smoot est aujourd’hui considérée comme une grande erreur qui a contribué à prolonger la dépression des années 1930.
Presque un siècle plus tard, je pense pouvoir affirmer sans me tromper que Trump a simplement repris les idées du passé. Lors de son premier mandat (2017–2021), il a déclenché une série de guerres commerciales, notamment contre la Chine, en imposant des droits de douane sur des centaines de milliards de dollars de produits. En 2025, tout juste réélu pour un second mandat, il va plus loin : il vient d’imposer de fortes taxes douanières à plus de 80 pays, dans une stratégie assumée de repli et de confrontation économique.
À bien des égards, le trumpisme de 2025 est dans la lignée de Méline et de Hawley-Smoot. On y retrouve une logique nationaliste dans l’idée que cela provoquera la construction d’usines aux USA. Mais dans un monde interdépendant, les conséquences sont rapides, plus profondes, et plus globales. Les chaînes d’approvisionnement sont perturbées, les partenaires commerciaux préparent des représailles et les bourses plongent.
Ici et là, des voix s’élèvent et réclament l’annulation par la Suisse de sa commande d’avions militaires F-35. Est-ce que la Suisse pourrait, là aussi, jouer un remake de 1892 en en misant sur des accords commerciaux ciblés avec d’autres pays ?
Pour terminer, c’est le moment de rappeler le slogan de ce site, « Connaître le passé pour comprendre l’avenir » avec dans l’idée d’éviter les mêmes erreurs et d’inciter nos politiques à lire parfois un livre d’histoire…
Pendant son premier mandat, je ne rêvais que d’une chose: voir disparaître le nom de Trump de mon fil d’actualité. Maintenant, je me mets à écrire sur lui. C’est grave doc ?
Vu dans le journal 24h de ce mercredi 9.04.2025: Trump « augmente immédiatement à 125% les droits de douane sur les produits chinois » mais ramène à 10% ceux imposés au reste du monde pendant 90 jours.
Je propose qu’on lui offre un lot de Dinky Toys en cadeau pour sa bienveillance.
Avec ce que je publie ici, il ne faut pas imaginer que je puisse un jour entrer aux USA. En même temps, ce n’est pas vraiment prévu non plus…
J’aime bien l’adage « Qui n’a pas de passé n’a pas d’avenir », car il est impossible de se projeter dans l’avenir quand on ne se souvient pas du passé (un oncle ayant un accident de voiture avec séquelles, qui avait perdu sa mémoire immédiate et incapable d’accumuler de l’expérience me l’a bien montré). Et malheureusement pour nous l’histoire est obligé de se répéter car notre mémoire sensorielle ne dépasse pas 3 générations. Qui se souvient de la vie sans assurance sociale ( avant 1945), de la vie sans vaccin (1920 ), de l’absence de route carrossable ( 3 semaine pour paris/lyon en calèche dans un célèbre réçit de J de la Fontaine), avec des parisiens qui était incapable de comprendre la langue à partir de Tonnerre …