Un mouton

Le clonage, de la grenouille jusqu’à Dolly

Le 22 février 1997, le monde entier découvre l’existence de Dolly, une brebis née le 5 juillet 1996 à l’Institut Roslin sis dans la ville du même nom, en Grande-Bretagne. Si Dolly est si célèbre, c’est qu’elle est le premier mammifère cloné à partir d’une cellule prélevée sur un individu adulte.

Les premières expériences

Jusqu’à Dolly, on retrouve la trace de quelques expériences, dont celle de l’allemand Joachim Hämmerling en 1934 qui retire le noyau d’un cytoplasme d’une algue unicellulaire et du biologiste français Jean Rostand en 1943 qui tente les premiers essais de transferts de noyaux dans des œufs « dénoyautés » ou, plus exactement, énucléés.

En 1952, les Américains Robert William Briggs et Thomas J. King réussissent la première expérience de clonage avec la grenouille. La cellule de base était récupérée au stade embryonnaire (la blastula) pour être implantée dans un ovocyte énucléé. Quelques têtards apparaitront. Il faut attendre les travaux de l’Institut de Roslin pour voir une grande évolution dans les techniques de clonages.

L’institut Roslin

L’institut Roslin travaillait à l’introduction de nouveaux gènes dans le bétail, cherchant à obtenir de nouvelles « qualités » comme cela se fait avec ce qui est appelé généralement les OGM. Si on modifie le patrimoine génétique d’un organisme comme le blé, le maïs ou le soja…, c’est généralement pour augmenter la productivité ou la résistance aux maladies.

L’étape suivante, après la modification du patrimoine génétique, c’est le clonage. Les applications potentielles sont vastes ! Imaginez la capacité de cultiver un rein ou un œil pour votre propre compte : un organe fait des siennes ? Hop, on le change, comme on change une roue à sa voiture.

Une question d’ADN

Cela a été dit en introduction : Dolly a été le premier mammifère à être cloné à partir d’une cellule adulte, ce qui était considéré comme impossible jusqu’à la naissance de cette brebis. En effet, les scientifiques pensaient que la cellule de base devait être la plus « jeune » possible afin qu’elle conserve les informations nécessaires à la création d’un nouvel être vivant. Ils pensaient que l’ADN des cellules, en vieillissant, perdaient les informations nécessaires au développement embryonnaire puis adulte des animaux et ne conservaient que ce qui était utile à la fonction de la cellule : un bout de peau ne conservait ainsi, selon les scientifiques d’alors, que l’ADN nécessaire à ce que de la peau reste de la peau et rien d’autre. Dolly a été fabriquée avec une cellule mammaire adulte, prélevée par une équipe dirigée par le Pr. Ian Wilmut.

Dolly a débuté sa carrière dans une éprouvette, puis l’embryon implanté dans une mère porteuse après quelques jours. L’existence de Dolly est restée secrète assez longtemps pour permettre la préparation du document expliquant sa naissance. Le monde entier s’est précipité à Roslin pour voir cette fameuse brebis et provoquer un débat éthique, jamais terminé depuis.

La vie de Dolly

Dolly a porté six agneaux, dont des jumeaux et a vécu sa vie entière à Roslin. Observée en permanence par une équipe de soigneurs, on constate qu’elle se déplace difficilement à la fin de 2001. Une radiographie montre qu’elle souffre d’arthrite, qui sera soignée avec des anti-inflammatoires. Plus tard, en 2003, elle rencontre des problèmes pulmonaires : un scanner montre des tumeurs. Elle sera euthanasiée plutôt que soignée, profitant de ce qu’elle est déjà endormie pour réaliser l’examen au scanner.

Au vingt-et-unième siècle, avec l’expérience des quelques milliers de clones réalisés sur toutes sortes d’animaux, du chat au lapin, en passant par les vaches, on commence à se rendre compte que les mâles clonés sont plus faibles que les femelles mais surtout, comme pour Dolly, qu’un clone a parfois une espérance de vie bien plus faible. Il semble que l’âge de la cellule prélevée en vue du clonage « transmet sa vieillesse » aux autres cellules de l’animal, provoquant ainsi un vieillissement accéléré.

Qu'avez-vous pensé de cet article ? Apportez un complément ou corrigez moi si j'ai laissé passer une erreur, je me réjouis de vous lire ! Pour éviter le spam, vos commentaires sont modérés et n'apparaissent pas immédiatement.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Grégoire Pomey

Ancien électronicien passionné par l'histoire des technologies, je parcours les archives de la presse pour vous proposer des éléments d'histoire des inventions, des technologies et de divers objets de la vie courante. Je m'intéresse aussi à l'histoire de mon pays, la Suisse, et vous en présente parfois des éléments marquant. Vous avez trouvé une erreur ? Écrivez-moi !